Fernando Ortega
Fuite/Leak
Palais de Tokyo, Paris
Commissaire: Akiko Miki
15.06.2012 – 03.09.2012

 Le Palais de Tokyo accueille pour sa première exposition monographique en France, Fernando Ortega, artiste mexicain. Né en 1971, lauréat du programme de résidence de SAM Art Projects. A l’occasion de son exposition au Palais de Tokyo, Fernando Ortega offre une nouvelle lecture du bâtiment inspirée des incidents ordinaires, de légères fuites d’eau qui s’écoulaient des plafonds, survenus pendant sa rénovation. Cette chute accidentelle devient le langage qui lui permet de perturber l’espace et de faire le lien entre des éléments tous réunis par l’eau. Ainsi, entre autres, deux fuites sont organisées dans l’espace. L’une tombe depuis le plafond juste à côté des instruments d’une batterie, laissant virtuelle l’idée que l’eau aurait pu animer le son potentiel demeuré absent. La seconde tombe sur la maquette du Palais de Tokyo insistant sur l’association contre nature de fuites dans un lieu d’exposition. Mais cette présence de l’eau a aussi comme fonction d’associer toutes les œuvres de l’exposition, d’insister sur la Seine qui coule le long du Palais et d’introduire une autre rivière qui est le sujet d’une des œuvres majeures de cette exposition : une série de photographies montre, dans un paysage préservé, la barque d’un passeur sur une rivière au Mexique. L’artiste raconte que lors de leur passage, le passeur leur a fait écouter de la musique mais que celle-ci est interrompue à chaque fois par la brièveté de la traversée. Pour y remédier l’artiste demanda à Brian Eno de composer une musique à cet effet. C’est celle-ci dont le CD est présent au bout de cet ensemble et qui, au moment où vous le regarderez, sera peut-être entendu par des villageois en barque sur un autre continent. Humour, distance, poésie, attention portée aux évènements discrets qui surgissent dans le réel, l’artiste transforme la contingence en nécessité, fait de l’aléatoire la matière de nouvelles productions et exploite les situations fortuites du quotidien. Il capte des évènements échappant à toute règle. Ce goût pour l’accident l’amène parfois à délaisser une part de son autorité pour faire de l’aléatoire une propriété de l’œuvre ou de sa réception.

 Une production de SAM Art Projects