Hannah Bertram
Phœnix in ruins
Palais de Tokyo, Commissaire : Khai Hori
24.06.2015 – 13.09.2015

 « En associant des motifs décoratifs à des matériaux sans valeur, [mes] oeuvres offrent une relation alternative à la préciosité, leur valeur ne se situant pas dans la perpétuation d’objets richement ornementés, mais à travers la subtilité d’une expérience éphémère. »
 
L’artiste australienne Hannah Bertram a imaginé trois grands lés d’un papier peint à fond doré richement ornementé de motifs floqués inspirés du vocabulaire décoratif victorien. Autant de floraisons obtenues au terme d’un travail patient de tri puis de collage de particules de poussière récoltées dans les couloirs du Palais de Tokyo, les dédales des catacombes et autres lieux symboliques dans Paris, auxquelles elle a mêlé les cendres de ses dessins, brûlés par centaines. Plus tard, les lambeaux qui resteront de Phoenix in Ruinsseront à leur tour brûlés puis remployés dans une nouvelle création, en un cycle de transformations sans fin. Mais si l’oeuvre renaît de ses cendres, à l’instar du Phoenix antique convoqué par son titre, elle évoque également à l’esprit du visiteur l’inéluctable passage du temps et l’impermanence des choses. Hannah Bertram dessine une relation inattendue entre décoration, poussière et mort. L’histoire de la technique du flocage, qui consiste à appliquer des fibres textiles – de la « poussière de velours » selon les mots de l’artiste – sur une surface collante, a ainsi révélé l’emploi récurrent d’éléments toxiques comme l’arsenic. Pendant des années, la décoration distillait insidieusement le poison fatal dans l’environnement domestique. L’artiste se sert également de l’ornementation pour interroger la versatilité des goûts à travers le temps. Ses œuvres, réalisées à partir de matériaux sans valeur, poussière, suie ou autres résidus négligés aux marges de la vie humaine, constituent des installations aux motifs complexes, toujours vouées à évoluer puis disparaître.
Une nature éphémère qui les rapproche des mandalas bouddhistes ou des kolam et rangoli indiens.