Dineo Seshee Bopape
Untitled (Of Occult Instability) [Feelings]
Palais de Tokyo, L’espace du Capricorne
Commissaire : Adélaïde Blanc
23.06.2016 – 11.09.2016

 « Je ne peux pas croire aux conditions qui ont créé une situation exigeant un ___ comme celui-là… »        

 Un éboulement de gravats et des fuites d’eau à peine contenues dans des seaux envahissent l’installation de Dineo Seshee Bopape. Ces formes matérialisent un point de rupture, un effondrement imminent. Le titre de l’exposition fait référence à la notion de « zone de déséquilibre occulte », théorisée par le psychiatre révolutionnaire Frantz Fanon (1925-1961) qui étudia la psyché des peuples colonisés ainsi que la violence immanente à cette forme de domination. Diffusé en boucle, le live de Nina Simone au Montreux Jazz Festival de 1976 est au cœur de l’exposition. La chanteuse interrompt son interprétation de « Feelings » et s’adresse au public : « Je ne peux pas croire aux conditions qui ont créé une situation qui exigeait une chanson comme celle-là ». Dineo Seshee Bopape explore ce trouble émotionnel et cette souffrance dans sa vidéo killjoy@ vincennes Paris, 2016 (2016) : réalisée dans le jardin tropical de Vincennes qui accueillit en 1907 plusieurs « zoos humains », elle montre ce qu’est devenu ce parc public. Les promeneurs s’y reposent, prennent part à des activités (cours de dessins et d’art-martiaux, concerts de percussions, pique-niques etc.) au milieu des pavillons de l’exposition coloniale, aujourd’hui envahis par la végétation, et parmi les monuments à la mémoire des combattants français de l’époque coloniale. Dans une autre installation vidéo, l’artiste rejoue une interview de Winnie Mandela (née en 1937) trouvée sur internet et pendant laquelle elle s’exprime sur l’usage de la violence dans la lutte contre l’apartheid. L’installation de Dineo Seshee Bopape accueille Justice for___ (2014), une œuvre de Lachell Workman renvoyant aux combats encore aujourd’hui menés pour les droits des noirs. La sculpture de Jabu Arnell intitulée Discoball #9 (2016), par ses couches matérielles et symboliques, laisse entrevoir la possibilité d’une reconstruction.