Felipe Arturo, Thoughts of Caffeine

Biennale de Lyon
Commissaires : Claire Moulène et Adeline Lepine
18.09.2019 – 05.01.2020

Oeuvres présentées dans le cadre de l’exposition “Là où les eaux se mêlent” aux anciennes usines Fagor, Lyon et dans la cadre du programme Veduta, Place Lyautey, Rillieux-la-Pape.

Artiste et architecte de formation, Felipe Arturo entremêle dans sa pratique des références à l’histoire, à l’économie et à la géographie. Pensées de Caféine est un voyage à travers toute la chaîne de production du café depuis la culture de la plante jusqu’à sa consommation. En écho au projet mené dans le cadre de Veduta, il conçoit pour les usines Fagor un musée imaginaire qui met en scène le nomadisme historique de cette plante devenue vecteur de socialisation. Disposées sur un sol peint en noir et blanc qui dessine une perspective, six plate-formes réunissent des plants de caféier, des objets de consommation courante, une machine à extraction, des arômes synthétiques et les preuves scientifiques des effets de la caféine sur l’activité cérébrale. En arrière-plan, un diptyque vidéo, tourné en Éthiopie et en Colombie, à l’aide de deux téléphones portables montés sur un compas qui font bégayer l’image, nous projette dans le passé et le futur : depuis le berceau de la culture du café jusqu’à sa mondialisation la plus récente. « Une approche matérialiste soutiendrait que les plants de café ont été transplantés d’un continent à l’autre suivant les forces du capital, du commerce impérial et international », raconte l’artiste.

« Le récit alternatif pourrait faire valoir que c’est la plante elle-même qui étend son territoire d’influence. »

Felipe Arturo est habitué des structures éphémères qui suscitent des espaces à investir par les êtres humains comme par les plantes. Pensées de Caféine se déploie entre Rillieux-la-Pape et les usines Fagor comme une promenade entre des territoires d’apparence distincte mais dont les histoires se répondent. Pour Veduta, il s’agit de « pensées » à partir de l’histoire du café et de récits personnels ou des liens perdus avec la Coffea. Le projet génère une réflexion liée au nomadisme de la graine de café de l’Éthiopie à la Colombie en passant par le Moyen-Orient et l’Europe et ses conséquences sociales, économiques et politiques. À la suite de nombreuses rencontres, l’artiste s’est associé dans le quartier de la Velette aux habitants et aux élèves menuisiers et ébénistes du Lycée Professionnel Georges Lamarque pour créer avec eux un dispositif associant plantes et usages (le grain et le café, le bois et l’arbre). Cet espace activable en fonction des désirs des usagers s’inscrit dans une réflexion commune sur l’avenir de la place Lyautey en cours de réaménagement.