Nadim Asfar
Everyday Madonna
Salon Camera Camera
24.11.2018 – 25.11.2018
Hôtel Villa Victoria, Nice

Durant la guerre de juillet 2006, lorsque l’aviation israélienne bombardait le Liban, je me disais tous les jours, pendant 33 jours, que je pouvais disparaître, et avec moi,  toutes les images et tous les sons qui circulent sous forme de souvenirs, de désirs, d’obsessions. Toutes choses que je n’ai pas encore dites, qui ne peuvent pas se suffire d’une representation photographique silencieuse et unilatérale. Après la guerre, j’ai voulu commencer à laisser une trace de ma vie, non pas documentaire, mais physique: pas d’événements précis, mais de ce qui est là, ici, et maintenant.

Everyday Madonna consiste d’enregistrements quotidiens des images, des sons, des configurations, des formes, qui surviennent dans cet appartement. Il s’agit d’une chorégraphie de mon quotidien.

La musique est un élément diégétique intégral du film, qui envahit les images. La voix de Madonna s’infiltre dans les pièces de la maison, peint une image personnelle et intime de la chanteuse dans un contexte domestique retiré du spectacle et de la communication de masse qui caractérise la célébrité. La voix de Madonna se perd parmi les sons ambiants de la ville, devient une voix singulière, subjective et désincarnée, une matière vivante enregistrée et entendue à cet instant et dans ce lieu précis. Madonna devient ainsi un son libre, absorbé par le souffle de ma respiration, celui de ma rue, prenant une nature singulière et subjective. Un son vivant enregistré à cet intervalle de temps précis, qui fait étrangement corps avec cette image-là, avec un mur, avec mon lit.

Au fur et à mesure du travail sur le film, il s’est agi de mettre en forme la réalité d’une expérience individuelle, isolée et libre.